Extrait de l'article de OUEST-FRANCE du 14 novembre 2023
"À la dernière rentrée scolaire, une nouvelle section bilingue français-breton a ouvert au collège public Charles-de-Gaulle, à Plœmeur (Morbihan). Rencontre avec les élèves et leur professeur, Nicolas Le Rouzic.
« Peseurt spesad tud en deus poblet Europa da gentañ ? (Quel type d’être humain a peuplé l’Europe en premier ?) » Voici le type de questions que pose, en ce moment, Nicolas Le Rouzic à ses élèves. Gaël, Brendan, Lena, Melina, Arena et Manon sont les premiers collégiens à intégrer la toute nouvelle section français-breton, qui a ouvert à la rentrée au sein du collège Charles-de-Gaulle, à Ploemeur (Morbihan).

Nicolas Le Rouzic est titulaire d’un Capes de breton et d’une licence en histoire-géographie. Il enseigne également à Hennebont, aux collèges Paul-Langevin et Pierre-et-Marie-Curie.
6 h de breton par semaine
La section bilingue au collège Charles-de-Gaulle, ce sont 3 heures hebdomadaires de breton mais également 3 heures d’histoire géographie en bilingue. Au programme de la semaine, la période du Néolithique avec la sédentarisation dans les premiers villages et le développement de l’agriculture. « Les 3 heures de breton sont comme une option, explique le professeur. Elles sont en plus de l’emploi du temps. Cinq élèves ont démarré le breton en classe de maternelle, un autre a suivi sa scolarité à Diwan. Nous profitons de ce début d’année pour bien poser les bases. Ensuite, nous travaillerons essentiellement sous la forme de projets. Par exemple, nous allons préparer quelques chroniques radio puisque le collège possède déjà une web radio. Nous allons également participer au concours régional Filmoù-Chakod, Film de poche en breton. Il est ouvert aux écoles, collèges et lycées. Nous attendons que le thème soit dévoilé, en novembre, pour imaginer le scénario de notre court-métrage. En histoire-géo, on passe du français au breton et du breton au français. C’est un va-et-vient permanent entre les deux langues. Quand les notions sont plus complexes, on passe par le français, par exemple ».
Progrès en langue
« On a commencé dès la maternelle, expliquent les élèves. On a appris à dire bonjour, au revoir, les expressions courantes de la vie quotidienne, mais aussi les couleurs. Dès la grande section, on commençait à faire des petites phrases. On s’aperçoit que plus on a commencé tôt, plus c’est facile et naturel. En plus, ça aide à apprendre les autres langues comme l’anglais. »
En classe de troisième, ces élèves deviendront de bons locuteurs et pourront tenir une conversation courante. Quant à leurs motivations, elles sont diverses. Pour Brendan, « c’est le plaisir d’apprendre ».
Pour Léna, ce sera utile pour son projet professionnel puisqu’elle veut devenir enseignante bilingue. Awena est plus dans la transmission et souhaite pouvoir parler un jour en breton avec ses enfants, si elle en a.Manon, plus pragmatique, explique : « Cette option pourra me faire quelques points supplémentaires au bac ». En tout cas, ces six élèves ont, pour l’heure, un point commun, à savoir le plaisir non dissimulé de venir en cours de breton.
De la petite section au collège, 123 élèves dans la filière
En 2014, l’école maternelle Desnos proposait, pour la première fois dans la commune, une classe bilingue français-breton.
En 2020, ce fut le tour de l’école maternelle de La Châtaigneraie, puis en 2021, de l’école primaire Marcel- Pagnol.
L’association Div Yezh s’est mobilisée, ces dernières années, pour soutenir cette filière bilingue dans ces différentes écoles, mais également pour assurer une continuité jusqu’au collège. C’est donc chose faite depuis la dernière rentrée avec l’ouverture d’une section au collège Charles-de-Gaulle.
« À La Châtaigneraie, nous avons une classe unique de 22 élèves, de la petite section à la grande section qui suivent cet enseignement, explique Fanny Leyer-Pichot, présidente de l’association Div Yezh. À l’école Pagnol, il s’agit de la 3e rentrée. Il y a 6 CP, 7 CE1 et 6 CE2. Au groupe scolaire Desnos-Prévert, il y a également une classe unique de 26 élèves, de la TPS à la GS et à Prévert, ils sont 50 élèves répartis en deux classes multiniveaux ».
Depuis 2014, le nombre d’enfants en filière bilingue, maternelle et primaire, n’a fait que croître. Hélène Boléis, adjointe à l’éducation, et Mathieu Gauthier-Le Priol, conseiller municipal délégué au breton s’en réjouissent : « Nous espérons désormais la pérennité de cette filière qui a mis plusieurs années à s’installer. Mais nous sommes plutôt rassurés pour la suite. Les effectifs sont suffisants ».
Actuellement il y a 8 CM2 de la filière qui feront leur rentrée au collège l’année prochaine, puis l’année suivante 10 élèves en CM1 pour cette année scolaire et l’année d’après encore 15 actuels CE2.